(octobre 2017 à Kinshasa)
Toutefois ils ne sont pas que des "pourvoyeurs de formation"; car dès le départ et jusqu'à aujourd'hui, dans le fond de leur être, ils ont été saisis par leur expérience
- d'avoir été rejoints, écoutés, guéris; ce qui les a élargis dans leur personne et leur ministère,
- d'avoir vu les "miracles" qu'opèrent une attention à l'autre affinée, aimante et une écoute profonde, professionnelle de leurs malades, paroissiens ou collègues pasteurs.
Ces dix jours de session d'octobre 2017 ont réuni à Kinshasa ces 13 formateurs, en provenance des quatre coins du pays,
- pour des examens d'accréditations et les célébrations qui s'en suivirent
- pour découvrir, en les pratiquant, des outils de formation continue (voir plus bas)
- pour se structurer et s'organiser à travers le pays et à travers les années à venir, en vue d'assumer ensemble la gestion de cette belle entreprise de spécialisation professionnelle au service des plus fragiles
- programmation des prochains cours cpt,
- ouverture créative vers d'autres formes de formation, vers d'autres régions-provinces,
- recherche locale de soutiens financiers,… Ce dernier point est en soi un apprentissage aussi. Il s'agit non seulement d'être compétents dans la transmission du contenu de la formation cpt, mais aussi dans gestion de l'entreprise.
C'est dans cette perspective qu'on a tenté l'expérience de visiter, par petites équipes de superviseurs, différents communautés ecclésiales de Kinshasa le dimanche matin: pour partager la vision et le fardeau de ce grand défi. Le processus est lancé !
Il reste que le soutien financier que l'association suisse récolte et envoie demeure encore nécessaire.
Le fait de vivre et travailler ainsi ensemble durant cette session d'octobre 2017 à Kinshasa a ranimé cette "communauté d'apprentissage" qui les a portés depuis sept ans. Il y a de quoi s'émerveiller de voir l'explosion de la vie qui s’est manifestée par le simple fait d’être ensemble au service de "l’écoute du cœur". Ces trésors qui ont été mis en œuvre, c'est l’immense potentiel d’expériences vécues et mises en commun. Cela consolide les fondements et nourrit leur expérience fondatrice d'être mis au large et reliés, par l'écoute mutuelle et par le parler vrai; cela renouvelle l'énergie que donne le partage d'une vision et d'un appel communs.
Malgré la fragilité de la structure, la vie s’est manifestée. Et il est établi que cette équipe a tout le potentiel pour croître ensemble dans la pratique de la formation à l’écoute et à l'accompagnement existentiel-spirituel.
Quelques semaines avant la session, quatre superviseurs déjà accrédités avaient été sollicités pour faire une contribution. Leurs apports, et celui de plusieurs autres participants, a été remarquable. Il met en œuvre une manière d'apprendre, spécifique de l'approche cpt: apprendre à partir de l'expérience, à partir de la réalité vécue, ailleurs ou ici (learning by doing).
J'ai été bouleversé par la profondeur et la pertinence de leurs contributions. P. ex :
Cette démarche a montré qu'il est possible de réaliser un tel programme, à partir des forces vives qui sont dans le groupe des superviseurs. Et cela nous rempli de joie. Ce fut une expérience magnifique de formation continue, où les superviseurs eux-mêmes ont contribué à leur formation; une démonstration que c'est possible et fertile avec les forces vives sur place !
Groupes linguistiques | |
Le formateur invite des volontaires à faire 2 fois le tour de la paillotte avec un verre plein d'eau posé sur la main ouverte. L'exercice conduit à un partage d'expérience et d'observation; puis aboutit à la description de son contexte originel et de son impact: Une paroissienne était venue le rencontrer pour l'informer qu'elle allait quitter l'église car "il y a trop de mauvaises langues et de critiques". Le pasteur lui propose de faire cette démarche autour du bâtiment de l'église.
Conclusion:
- Elle n'a ni vu, ni entendu aucune des langues critiques, car elle était concentrée sur la tâche reçue.
- Elle décide de rester dans cette paroisse, car elle a compris qu'elle pouvait se concentrer sur le Christ et sur sa vocation, plutôt que sur les ragots!
Ex. de cas présentés: Le salaire de l'aumônier vient d'être suspendu sans raison par sa hiérarchie. Et il reçoit, pour l'accompagner, une veuve dont le salaire a été suspendu le jour du décès de son mari… Il s'agit de découvrir comment l'accompagnant, doublement bouleversé, va se mettre en quête de ses propres ressources profondes au cœur de la tourmente, pour conduire son vis-à-vis à puiser dans les siennes et trouver son chemin à elle.
La description vivante et authentique de cet accompagnement donne accès aux différentes étapes qu'il a traversées: la plongée dans sa propre souffrance d'injustice subie (son "côté blessé"), puis dans ses ressources propres (son côté guérisseur), avant qu'il ne demande à son interlocutrice de raconter une 2ème fois son histoire, pour qu'elle puisse réellement l'écouter. De là surgira la quête commune des ressources propres de cette dernière. Cet accompagnement va produire de bons fruits dans l'histoire de cette personne.
L'analyse actuelle de cette situation nous fait réaliser concrètement l'enjeu et la fertilité du processus du "guérisseur blessé".
Voir le récit de mon épouse Thérèse qui m'a accompagné dans ce séjour à Kinshasa, sur son blog theresekin.blogspot.ch