dimanche 24 novembre 2013

Deuxième semaine de notre cours

auf Deutsch...

la cour du Guesthouse

Au moins deux motifs de se réjouir cette semaine: ma plume se fait légère! Nous célébrons une soirée festive, l'occasion pour les participants et les animateurs de s'exprimer. Je raconte les origines de la culture suisse avec la fabrication de fromages à pâte dure et l'élevage de bétail. D'autres entonnent des chants et nous initient à une dance de la Côte d'Ivoire et du Cameroun. La plupart préfèrent encore répéter à quel point ils sont heureux et reconnaissants de la possibilité qui leur est donnée de se former. Evidemment je ne peux manquer de mentionner que cela a été rendu possible grâce aux nombreux donateurs et donatrices suisses.

Clément l'aumônier militaire de Côte d'Ivoire

Bylord, l'un des coanimateurs

Blaise, aumônier d'hôpital au Cameroun

Georges, pasteur de paroisse au Caméroun

Après la fête, nous participons tous ensemble à un "bibliodrame". J'ai choisi l'épisode de Marie Madeleine qui part à la recherche de Jésus dans la tombe et finalement le trouve. Les deux thèmes de ce texte, "vivre la douleur" et "souffrir des erreurs", sont autant d'incitations à un travail sur soi. C'est tout à la fois beau et impressionnant de les voir tous se laisser gagner et oser un pas vers un changement personnel! J'ai rarement vécu un "bibliodrame" d'une telle intensité! Pour moi c'est un cadeau et j'en suis heureux! A la fin de la semaine, Marie-Louise me fait savoir que dorénavant elle ne se laissera pas dissuader de visiter les six hôpitaux de son Eglise et de veiller à ce qu'enfin des aumôniers des deux sexes soient engagés. Cela signifie prendre sur elle des centaines de kilomètres de mauvaises routes!

Cette semaine l'un des jeunes hommes raconte son temps d'étude. Que de souffrances! Il raconte comment il a supporté la faim pendant ces cinq ans. Son argent suffisait à peine pour un repas de midi. Aujourd'hui il rayonne, il reçoit suffisamment à manger et n'a pas à digérer du savoir seul mais est lui-même personnellement apprécié. -

Portrait de groupe

Par un jeu de rôle, j'apprends l'histoire d'une étudiante qui, ô surprise, rate un second examen. De retour chez elle, effondrée, elle renonce à poursuivre ses études. La mère, au désespoir, appelle le pasteur. Il découvre que le professeur l'a fait couler en conscience parce qu'il souhaitait en faire sa femme...

Un bus blanc circule depuis peu sur la route d'évitement de Kintambo à Matadi. Il y a même des arrêts...

kv (version française: mj)

lundi 18 novembre 2013

Le cours de six semaines a débuté avec huit participants

auf Deutsch...

Je me réjouis qu nous ayons commencé notre cours de six semaines. Nous en sommes déjà à la fin de la première semaine. Un premier bilan très réjouissant. Pour la première fois, j'ai le plaisir de collaborer avec deux coanimateurs indigènes, Grégoire Ntobo et Bylord Ilunga ! Leurs capacités qui se déploient peu à peu me réjouissent au plus haut point. Des huit pariticipants, cinq sont Congolais, deux viennent du Cameroun et un de la Côte-d'Ivoire. Les autres participants ne sont malheureusement pas arrivés du Tchad et de l'Angola voisins. Il est beau de voir des collègues étrangers à l'oeuvre avec nous. C'est la première fois depuis que je viens au Congo.

Le premier jour, j'ai encore trouvé le temps de relire quelques passages de mon journal, je tombe sur des notes oubliées! Deux rêves, qui me furent accordés dans les dernières semaines avant le départ, me revinrent à l'esprit. Dans l'un des deux je rencontrais différents chefs de clan de diverses tribus congolaises. Il s'agissait d'une procédure de conciliation qui promettait! Dans l'autre, des abeilles m'offraient un grand cadeau de cire, miel et de divers coloris de fleurs. J'étais touché de retrouver ces deux images et pressentais que je pouvais m'attendre, dans ce cours que j'animais, à un don précieux. Je suis entré dans ce travail impressionné et doucement ému! Une main aimable m'accompagnait dans mes rêves. J'en remercie Dieu!

La moyenne d'âge des participants ne dépasse pas 40 ans, cela m'enchante de voir de jeunes collègues se mettre en route, chercher à se connaître et à avancer, pour eux et leurs vis-à-vis. Parmi les Congolais se trouve une femme, entrée au ministère par une vocation tardive. Le bruit a couru: la disposition à accéder à la nouveauté est plus présente que les années précédentes. Le choix de la clinique Ngaliema nous a mis en contact avec une clinique d'Etat appréciée. Elle est située à proximité de la maison des hôtes de l'Eglise baptiste, où se tient notre cours. Elle est proprement tenue et séduit par son bon ordre. Nous bénéficions d'une vaste introduction détaillée, ce qui facilite beaucoup l'entrée en matière de nos participants. Je m'en réjouis.

Pour moi, personnellement, retrouver Kinshasa est éprouvant, une demi-heure d'exposition au trafic me met en légère détresse respiratoire. L'air d'ici est de très mauvaise qualité. La plupart des moteurs - de vieux modèles - brûlent de l'huile, les véhicules diesel sont mal entretenus et répandent de dangereuses particules. Heureusement, mon ami Alfred Mbuta est très conscient de l'état de l'environnement. Il a mis en oeuvre et développé une série d'initiatives favorables à l'environnement dans sa paroisse. Les paroisses d'ici sont des promoteurs significatifs de tels mouvements et les pasteurs agissent comme multiplicateurs d'innovations. Le ramassage des ordures, le tri des déchets et les services de voirie n'existent que par des ONG qui s'engagent à les mettre en route.

Kinshasa, kv (version française: mj )

vendredi 1 novembre 2013

Premières impressions




Premières impressions
Deux heures et demie de retard - une panne de l'appareil à réparer -, nous arrivons épuisés à Kinshasa. La joie et la reconnaissance dominent plus que le stress d'une journée de 22 heures. Il est deux heures du matin quand nous nous couchons - il a fallu en plus réparer un pneu. Grande est la joie de retrouver Alfred et Lily et, le lendemain, quelques amis.

Kinshasa n'a guère changé ces dernières années, nonobstant les nouvelles affiches qui présentent Joseph Kabila comme le "nouveau rais". Le quotidien congolais, tel que nous le connaissons, est rythmé de toutes ses voix, ses klaxons, ses nuages de gaz et de fumées et de ses poules vagabondes. La lutte et le soin pour la survie au quotidien sont la première préoccupation des gens. Le calme de la vendeuse derrière son stand est trompeur.

N., l'un de nos collègues de l'aumônerie de l'hôpital, nous rend visite. Un dialogue s'engage tout de suite. Je m'entends lui demander "Comment tu vas pour de vrai?" La réponse se lit sur son visage. Il ne reçoit toujours pas de salaire comme aumônier d'hôpital et de petits jobs annexes suffisent à peine pour les écolages et les études de ses enfants. C'est son souci "Qu'arrivera-t-il si je ne peux plus physiquement travailler? J'ai souvent honte de ne pas être à même d'apporter un salaire issu de mon travail à mes enfants". Je suis frappé et en colère! N. n'est pas seul à vivre dans la honte et sous pression, c'est le lot de millions de ses compatriotes!

Comme Suisses, nous chercherions rapidement une solution. Pourtant plus je m'approche des gens de ce pays, plus j'entre dans le silence et un certian trouble. Le fait que nos aides aux pays en développement reviennent vers le Nord multipliées par dix est avéré. Les canaux sont discrets: des prix de matières premières trop bas, de la corruption, des dépôts dans nos banques, etc. La honte me vient aussi - mais pour de toutes autres raisons.

Albert Schweitzer souhaitait corriger les fautes des colonisateurs. C'est tout ce que nous pouvons et voulons faire. Nous voulons prendre courage et affronter les difficultés quotidiennes d'ici avec ses interruptions du courant et de l'eau, ses dangers liés au trafic et bien d'autres surprises. Oui, nous nous réjouissons de côtoyer les gens d'ici et de croire en leur compagnie que des mains vides peuvent se montrer fertiles.

Samedi, le 2 novembre, Béatrice visitera les femmes du projet de tricotage et notre cours débutera vendredi prochain.

Klaus Völlmin
(version française: M. Jeannerat)