LE TEMOIN EST TRANSMIS !
Session avec les formateurs-superviseurs
(octobre 2017 à Kinshasa)
En 2012, nous présentions les 9 participants à la formation venant de toutes les régions du pays comme: "Une belle moisson, de ceux qui deviendront les porteurs du Projet-cpt-Congo dans l'avenir"(octobre 2017 à Kinshasa)
Toutefois ils ne sont pas que des "pourvoyeurs de formation"; car dès le départ et jusqu'à aujourd'hui, dans le fond de leur être, ils ont été saisis par leur expérience
- d'avoir été rejoints, écoutés, guéris; ce qui les a élargis dans leur personne et leur ministère,
- d'avoir vu les "miracles" qu'opèrent une attention à l'autre affinée, aimante et une écoute profonde, professionnelle de leurs malades, paroissiens ou collègues pasteurs.
Ces dix jours de session d'octobre 2017 ont réuni à Kinshasa ces 13 formateurs, en provenance des quatre coins du pays,
- pour des examens d'accréditations et les célébrations qui s'en suivirent
- pour découvrir, en les pratiquant, des outils de formation continue (voir plus bas)
- pour se structurer et s'organiser à travers le pays et à travers les années à venir, en vue d'assumer ensemble la gestion de cette belle entreprise de spécialisation professionnelle au service des plus fragiles
- programmation des prochains cours cpt,
- ouverture créative vers d'autres formes de formation, vers d'autres régions-provinces,
- recherche locale de soutiens financiers,… Ce dernier point est en soi un apprentissage aussi. Il s'agit non seulement d'être compétents dans la transmission du contenu de la formation cpt, mais aussi dans gestion de l'entreprise.
C'est dans cette perspective qu'on a tenté l'expérience de visiter, par petites équipes de superviseurs, différents communautés ecclésiales de Kinshasa le dimanche matin: pour partager la vision et le fardeau de ce grand défi. Le processus est lancé !
Il reste que le soutien financier que l'association suisse récolte et envoie demeure encore nécessaire.
Le fait de vivre et travailler ainsi ensemble durant cette session d'octobre 2017 à Kinshasa a ranimé cette "communauté d'apprentissage" qui les a portés depuis sept ans. Il y a de quoi s'émerveiller de voir l'explosion de la vie qui s’est manifestée par le simple fait d’être ensemble au service de "l’écoute du cœur". Ces trésors qui ont été mis en œuvre, c'est l’immense potentiel d’expériences vécues et mises en commun. Cela consolide les fondements et nourrit leur expérience fondatrice d'être mis au large et reliés, par l'écoute mutuelle et par le parler vrai; cela renouvelle l'énergie que donne le partage d'une vision et d'un appel communs.
Malgré la fragilité de la structure, la vie s’est manifestée. Et il est établi que cette équipe a tout le potentiel pour croître ensemble dans la pratique de la formation à l’écoute et à l'accompagnement existentiel-spirituel.
Contributions des superviseurs à l'apprentissage processus de formation continue
L'idée de ce parcours était non seulement de recevoir des éléments de formation continue, mais aussi d'apprendre à initier un tel parcours de formation continue. … tout en le pratiquant.Quelques semaines avant la session, quatre superviseurs déjà accrédités avaient été sollicités pour faire une contribution. Leurs apports, et celui de plusieurs autres participants, a été remarquable. Il met en œuvre une manière d'apprendre, spécifique de l'approche cpt: apprendre à partir de l'expérience, à partir de la réalité vécue, ailleurs ou ici (learning by doing).
J'ai été bouleversé par la profondeur et la pertinence de leurs contributions. P. ex :
1° L'alphabétisation des émotions à travers les quatre langues nationales du pays
et la quête de leur expression adéquate (Kikongo, Lingala, Tshiluba, Swahili).
2° L'analyse fine et instructives des étapes du deuil vécu par un des formateurs
et par chacun des six membres de sa famille, à l'occasion de l'assassinat de son petit frère égorgé vif dans la forêt…
3° L'expérience de se concentrer, en portant un verre plein d'eau sur le plat de la main
proposée par un superviseur, suite à son accompagnement créatif et savoureux d'une paroissienne en difficulté, qui retrouve la joie de se centrer sur le Christ.
4° Enseignement et partage autour du thème du parler vrai:
"ETRE VRAI, pour une commincation sans domination dans l'accompagnement"
5° Le travail autour de la problématique du "guérisseur blessé",
à partir de situations d'accompagnement, vécues et racontées par les superviseurs, Cette démarche a montré qu'il est possible de réaliser un tel programme, à partir des forces vives qui sont dans le groupe des superviseurs. Et cela nous rempli de joie. Ce fut une expérience magnifique de formation continue, où les superviseurs eux-mêmes ont contribué à leur formation; une démonstration que c'est possible et fertile avec les forces vives sur place !
En savoir plus sur les contributions des superviseurs:
1° L'alphabétisation des émotions à travers les quatre langues nationales du pays
Le travail autour d'une émotion (p.ex l'angoisse, la peur), d'abord commun, puis par groupes linguistiques montre combien la transcription verbale des émotions est fine, difficile et importante. La connaissance de ses émotions est si importante pour une communication vraie. Pour chaque langue, un grand nombre de termes surgissent pour les différentes nuances de l'émotion. Ces nombreux termes, dans chaque langue, offrent un terrain pour l'alphabétisation des émotions dans leurs réalités et leurs nuances, et font prendre garde (en cpt) à la traduction française qui peut être très réductrice ou même une trahison. Groupes linguistiques | |
2° Relecture du processus personnel d’un deuil dramatique
Il s'agit de l'assassinat du jeune frère d'un intervenant formateur, égorgé quelques semaines auparavant dans un village lointain en pleine forêt. Tout en vivant drame "dans ses tripes", il choisit les six personnes significatives de son entourage et décrit les différentes étapes du processus de deuil, pour chacun, y compris lui-même. Chacun des participants à la session est "sous le coup" de cette capacité qu'il a eue de vivre pleinement son propre processus (y.c. le déni et l'abattement), et en même temps d'accompagner le processus de chaque membre de sa famille, ainsi que le processus collectif, et ensuite de le décrire avec tant d'acuité.
3° Séance créative sur le thème:
"Etre concentré sur une tâche ou décentré par des mauvaises langues ?"
à partir d'un accompagnement spirituel vécu en paroisse.Le formateur invite des volontaires à faire 2 fois le tour de la paillotte avec un verre plein d'eau posé sur la main ouverte. L'exercice conduit à un partage d'expérience et d'observation; puis aboutit à la description de son contexte originel et de son impact: Une paroissienne était venue le rencontrer pour l'informer qu'elle allait quitter l'église car "il y a trop de mauvaises langues et de critiques". Le pasteur lui propose de faire cette démarche autour du bâtiment de l'église.
Conclusion:
- Elle n'a ni vu, ni entendu aucune des langues critiques, car elle était concentrée sur la tâche reçue.
- Elle décide de rester dans cette paroisse, car elle a compris qu'elle pouvait se concentrer sur le Christ et sur sa vocation, plutôt que sur les ragots!
4° Séance théorique sur le thème:
"Etre vrai. Pour une communication sans domination dans l'accompagnement".
Un bel enseignement inspiré par le livre de Thomas d'Ansembourg (Cessez d’être gentils, soyez vrais.), avec un document créé par le formateur à l'appui. Appel à oser être vrai avec soi-même et avec les autres, même si ça coûte. Distinction claire entre une "gentillesse" problématique qui cache ou camouffle toutes sortes de peurs ou de trahisons, et une gentillesse qui ne nie pas la vérité mais est habitée par l'amour.
5° Contributions des participants sur le thème du guérisseur blessé
Les formateurs-superviseurs avaient été sollicités, quelques semaines avant la session, pour apporter une situation vécue d'accompagnement où apparaissait la problématique du "guérisseur blessé". Ce travail nous fait toucher à la réalité du terrain.Ex. de cas présentés: Le salaire de l'aumônier vient d'être suspendu sans raison par sa hiérarchie. Et il reçoit, pour l'accompagner, une veuve dont le salaire a été suspendu le jour du décès de son mari… Il s'agit de découvrir comment l'accompagnant, doublement bouleversé, va se mettre en quête de ses propres ressources profondes au cœur de la tourmente, pour conduire son vis-à-vis à puiser dans les siennes et trouver son chemin à elle.
La description vivante et authentique de cet accompagnement donne accès aux différentes étapes qu'il a traversées: la plongée dans sa propre souffrance d'injustice subie (son "côté blessé"), puis dans ses ressources propres (son côté guérisseur), avant qu'il ne demande à son interlocutrice de raconter une 2ème fois son histoire, pour qu'elle puisse réellement l'écouter. De là surgira la quête commune des ressources propres de cette dernière. Cet accompagnement va produire de bons fruits dans l'histoire de cette personne.
L'analyse actuelle de cette situation nous fait réaliser concrètement l'enjeu et la fertilité du processus du "guérisseur blessé".
Voir le récit de mon épouse Thérèse qui m'a accompagné dans ce séjour à Kinshasa, sur son blog theresekin.blogspot.ch
Jean-Claude Schwab
Les personnes qui souhaitent rencontrer les porteurs de ce projet sont invitées à prendre contact