Une semaine de riches découvertes tant au niveau des stagiaires que de nous mêmes formateurs.
La séance d’ouverture a eu lieu à l’hôpital général de la Muya, 2ème hôpital officiel. L’hôpital compte treize médecins dont trois femmes et qui sont à la tête.
Tout le corps soignant a bien accueilli le CPT dans cet hôpital et nous a confié le pasteur Bernard, chargé de la prise en charge psycho-sociale pour la formation CPT.
Les séances théoriques se passent à l’hôtel Kumbi kumbi, un très beau cadre. Son jardin nous sert de lieu de travail lorsque nous fuyons la chaleur de la salle.
Dix au total dont deux femmes assistantes à l’Université Protestante au Centre du Congo UPCC, où Mgr Mbaya est Recteur. L'une d’elle (Angèle) est aussi avocate avant d’être pasteur. Son ordination est prévue pour le 23 Novembre 2014. Son mari est aumônier militaire, auditeur et a souhaité faire aussi la même formation, si du moins elle était ouverte à plus de dix stagiaires.
Dans l’équipe se trouvent aussi deux représentants légaux dont un a été pendant longtemps aumônier de prison et ne veut pas abandonner ce ministère au delà de ses nouvelles fonctions. Nous l’avons établi comme point focal de la province pour le secteur de l’aumônerie des prisons.
Une grande fête sur l’esplanade de Motel Kumbi Kumbi. Dérangés par l’orage, l’orchestre est resté animer dehors et les invités d’honneurs et ceux des familles des stagiaires dans la salle.
Nous avons retenu parmi les invités, la présence de l’Evêque Président Provincial du Kasai Oriental et Recteur de l’UPCC qui a fait un beau discours. Montrant son implication dans ce projet CPT et son rêve pour l’avenir. Ce discours a été enregistré dans le dictaphone de l’abbé Cyrille et nous le mettrons par écrit.
ALLOCUTION DU SUPERVISEUR-FORMATEUR ALFRED MBUTA
A LA CEREMONIE DE CLOTURE CPT-MBUJI-MAYI 2014
Excellence Monsieur le ministre Provincial de la santé,
Excellence Mgr Evêque Président Provincial de l’ECC-Kasaï-Or Monsieur le Médecin Inspecteur Provincial,
Monsieur le Maire de la Ville de Mbuji-Mayi,
Monsieur le Bourgmestre de la Commune de la Muya,
Messieurs les médecins directeurs des hôpitaux : Kansele, Muya et Dibindi,
Monsieur le Chef de quartier OUA,
Messieurs les directeurs de nursing et personnel soignant des hôpitaux,
Distingués invités à vos titres et qualités, tout protocole confondu,
Chères toutes et chers tous,
En parcourant la salle du regard cet avant-midi, je ne peux m’empêcher de me sentir très honoré et de sentir l’amour et la joie émanant de vous tous. Ceci me touche et me va droit au cœur et cela prouve à suffisance l’intérêt que vous accordez à cette discipline de la théologie pastorale qui est au centre de notre quotidien.
Je rends tout d’abord grâce à Dieu qui nous a fait survoler les eaux et les airs pour arriver ici ( à Mbuji Mayi, centre de la RDCongo) et pour donner une pousse à l’Eglise chrétienne dans un secteur touchant la vie humaine dans son ensemble.
C’est pour moi une profonde joie de pouvoir vous adresser un mot de salutation à la clôture de notre formation pastorale clinique à l’écoute et communication au nom de l’Evêque Président National de l’Eglise du Christ au Congo, représenté ici par son Excellence Mgr Evêque Président Provincial de l’ECC, au nom du Comité de Référence du Clinical Pastoral Training ou Education Pastorale Clinique et à mon nom personnel, du fait de vous être rendus disponibles en laissant vos multiples urgences : Betu abu !! Moyo wenu !! Moyo kabidi !!
Je suis particulièrement gré à ses excellences Ministre Provincial de la santé et au Professeur Dr Mbaya, Evêque Président Provincial de l’ECC de bien vouloir honorer cette petite manifestation.
Excellences,
L’Organisation Mondiale de la Santé définit la santé comme un bien-être physique, mental et social. Le rapport entre le bien-être physique, mental et social est indispensable. Christ le sait parfaitement: entre le pardon des péchés et la guérison du paralytique existe une connexion profonde. Et la Bible en 1Thess. 5,23 confirme cette triade en donnant les trois dimensions qui compose l’homme : corps, âme et esprit.
Les problèmes de la santé dans le monde aujourd’hui constituent un gigantesque défi quotidien pour les experts comme pour les institutions. En effet, comme observait le Pape Jean-Paul II, « maladie et souffrance sont des phénomènes qui, scrutés à fond, présentent toujours des interrogations qui vont au-delà de la médecine elle-même pour atteindre l’essence de la condition humaine en ce monde » (D.H., n. 3).
En rapport avec la spiritualité de la santé, les personnes sous traitement médical comme les professionnels de la santé, chacun à son niveau, sont également concernés et protagonistes. En effet, comme la maladie touche la personne dans son intégralité, et pas seulement une partie de son corps, le service rendu aux malades par les divers professionnels de la santé embrasse lui aussi toutes les dimensions de la personne humaine: c’est-à-dire physique, psychique, spirituelle, sociale et ainsi de suite. Quant à la personne malade elle-même, elle est appelée à collaborer en toute confiance avec l’équipe soignante et, en plus, à donner sens à sa propre souffrance ainsi qu’à sa fondamentale fragilité (Cf Salvifici Doloris, 1984, 1-2).
Les personnes que nous venons de former en pastorale clinique sont de vraies et réelles accompagnantes des patients, elles sont des semeurs d’espérance, des stimulants des guérisons, des soignantes spirituelles. Leurs actions et initiatives rentrent dans la catégorie de l’agir humain.
En bref, un hôpital qui serait détaché de toute spiritualité ou de la prise en charge psycho-spirituel et social des malades donne des soins partiels aux patients pour ne pas dire soigne à moitié, car il serait comme amputé, privé de leur sève vivifiante... Les aumôniers, surtout cliniciens, sont la présence de Dieu, car ils donnent la « cura Dei », les soins que Dieu donne.
Excellences, Distingués invités, chers frères et sœurs,
Justement notre cause, parlons en ! Nous ne sommes pas de l’opposition ni du pouvoir mais de la santé de tout homme et de tout l’homme. Nous sommes pour le processus de la restauration de l’identité personnelle, la guérison du « moi » divisé. Notre médecine est une médecine douce et sans effet secondaire, car elle ne fait mal à personne, au contraire elle va à la recherche du guérisseur, que nous remontons à la surface et ceci accélère la guérison de nos semblables bien sûr par l’outil de l’écoute et communication. L’empathie est le premier élément de toute relation d’aide et par laquelle on cherche à se mettre à la place du patient, pour voir le monde comme il le voit sans lui imposer notre propre système de valeurs et notre grille d’interprétations.
Le ministère donc d’aumônerie dans les hôpitaux se situe dans le contexte de la prise en charge globale des soins des patients par l’hôpital, qui inclut les dimensions corporelle, psychique, sociale, spirituelle de la personne et de son entourage. Il prend sa place aux côtés et en collaboration avec les équipes soignantes. Cela implique que les aumôniers reçoivent une formation spécifique et adéquate, en plus de leur formation théologique. Une telle formation doit pouvoir se faire « au pied du lit » (clinique). C’est ce que l’ECC en lien avec d’autres églises, catholique pour ne citer que celle-ci, s’attache à mettre en œuvre dès maintenant.
Cette formation s’inscrit dans le mouvement international pour
la formation pastorale supervisée (Clinical Pastoral Training), initiée dans les années 1920 par une équipe d’aumôniers et des médecins nord-américains et reprise dès lors dans tous les continents.
Elle n'est entrée en Afrique Centrale francophone par notre pays, la RDC, qu’en 2010 par le truchement de la Direction Nationale des aumôneries protestantes. La P.O. est la première a organisé un CPT purement africain c.à.d dont les formateurs sont tous africains et congolais. Notons qu’après avoir organisé trois sessions à l’Ouest du pays, il a plu au comité de référence CPT de les étendre aussi à l’Est du pays, raison pourla quelle nous avons eu à organiser une session à Goma au mois de juin et juillet et celle-ci chez vous. Dès le début du mois de novembre prochain, sera encore organisée à Kinshasa, la troisième session de 2013 dont les participants viendront du Cameroun, Angola, Côte d’Ivoire, Tchad et Congo Kinshasa.
La formation peut être utile à n’importe quel pasteur, prêtre, agent pastorale, ou personne qui exerce un ministère dans le domaine de la santé, d’une paroisse ou ailleurs. C’est une formation pastorale à l’écoute et communication.
Elle est en lien avec l’Université Protestante au Congo (UPC) en tant que structure de formation et l’ECC-Présidence Nationale comme base institutionnelle. Alors d’où nous venons ?
En 2010, nous avions formés dix stagiaires dont sept protestants et trois kimbanguistes et l’Hôpital Général de Kinshasa ex Mama yemo était notre lieu de la pratique.
En 2011, nous avions formé quatorze stagiaires dont un prêtre catholique, un pasteur venu du Congo Brazzaville de l’Eglise Evangélique du Congo, un pasteur kimbanguiste et onze protestants, l’Hôpital Général de référence de Kintambo à Kinshasa était le lieu de la pratique.
En 2012, nous avons eu treize stagiaires, dans notre troisième session animée par mes collègue Jean Claude Schwab (formateur suisse de même que Klaus Völlmin) et coanimée par moi comme superviseur en formation. Cette session a connu la participation de deux prêtres catholiques dont un est en formation des formateurs, un pasteur du Congo Brazzaville et des pasteurs congolais venus de différentes provinces. Il faut signaler que c’est en cette année qu’il y a eu mon accréditation comme formateur-superviseur et mon titre je l’avais reçu des mains de Mgr Evêque Professeur Mbaya, modérateur du Comité Exécutif et Synode National de l’ECC.
Pour l’année 2013, nous avions divisé le Congo en trois centres de formation dont un à Goma où on a eu à former douze stagiaires par mon collègue Jean Claude Schwab avec la collaboration de deux pasteurs congolais en formation des formateurs, un autre centre a fonctionné à Kisangani, où un cours essentiellement africain a eu lieu puisqu’il a était animé par le premier congolais accrédité superviseur formateur et a été assisté par un prêtre catholique et un monseigneur protestant en formation de superviseurs. Ce dont nous sommes fiers.
Cette année a été suivi d’une autre session organisée à Kinshasa et qui avait connu la participation de huit stagiaires dont deux sont venus du Cameroun, un de la Côte d’Ivoire, et cinq de la RD Congo venus de la partie de l’Ouest.
Enfin pour cette année 2014, nous avions planifié trois sessions 2014 dont une a eu lieu en février à Kinshasa, une deuxième à Mbuji mayi centre du Congo et la troisième et dernière session 2014 aura lieu dans dix jours à Goma partie Est.
Aujourd’hui grande est ma joie de compter huit formateurs en formation qui sont en train de travailler aux côtés de Jean Claude Schwab, Klaus Völlmin et moi. Et quatre autres se sont ajoutés depuis février 2014.
Par la grâce de Dieu, l’année 2015 sera la dernière année des formateurs suisses, les africains prendront la relève à 100%, mais les collègues suisses continueront à soutenir l’œuvre entreprise par les prières, conseils et recherches des contacts.
Chers toutes et tous,
Je ne sais terminer ce mot sans toutefois exprimer ma gratitude au gestionnaire et tout le personnel de Motel Nkumbi Kumbi pour tous les services mis à notre portée durant cinq semaines.
L’accueil et la collaboration que nous avons eu auprès des médecins, du personnel soignant des hôpitaux, je cite Kansele, Muya et Dibindi, nous ont profondément marqués et voire même touchés. Ceci nous ouvre un champ de travail en commun et prouve à suffisance qu’ils ont capté le bien-fondé de cette formation.
Que nos collègues, Mr l’Abbé Cyrille Ikomba du diocèse de Popo kabaka et Rév Joél Kuvuna aumônier Universitaire, tous deux superviseurs en formation qui ont co-animé avec moi cette session se sentent aussi remerciés et encouragés pour leur esprit d’intrépidité manifesté tout au long de cette session.
Ah ! Il serait vraiment ingrat pour nous de taire le nom de notre serviteur, pasteur Bénoît Ngoy Kitengyie, formateur en formation et chargé de la logistique. Il a été au four et au moulin en donnant tout le meilleur de lui-même pour la réussite de cette session.
Je sais aussi que ce jour est chargé d’émotions et d’un mélange de douleur et de joie pour nos stagiaires; douleur de séparation et joie d’une mission accomplie. Rassurez-vous chers collègues pasteurs, personnel médical et paramédical, qu’en recevant ces serviteurs qui ont accompli 245 heures de cours et exercices pratiques en clinique pastorale pour l’accompagnement des patients et toute autre personne en souffrance ou en état de deuil, vous aurez ajouté un plus dans vos structures.
Excellences, Révérends, distingués invités et chers membres de l’assistance, un penseur a dit : "Crois pour pouvoir raisonner, raisonne pour être capable de croire".
Je vous remercie.
Alfred Mbuta Kabamba
Superviseur et formateur accrédité en pastorale clinique