Séminaire de sensibilisation à la pastorale clinique
animé par J-C Schwab à Goma en octobre 2015
Situation socio-politique à Goma, au Nord-Kivu, en RDC
La ville est bâtie en bordure et au nord du lac Kivu sur les anciennes coulées de lave issues de la chaîne volcanique des Virunga. Ville frontalière, elle côtoie la ville rwandaise de Gisenyi.
Goma a été touché de plein fouet par les retombées du génocide rwandais en 1994 par l’invasion des réfugiés hutus fuyant le Rwanda. Cela donna lieu à deux guerres successives entre 1996 et 2003 et à l’occupation de la ville par les rebelles pro-rwandais. Différents groupes rebelles ont déstabilisé la région. Mais le principal, le M23, a été démantelé avec l’aide de la MONUsco en 2013 et dans le cadre des accords de Kampala. Durant toutes ces années, le viol a été utilisé massivement comme arme de guerre. Et comme si ça ne suffisait pas, en 2002, la ville a été en grande partie détruite par les coulées de lave du Nyiragongo dont les traces sont encore visibles aujourd’hui.
Progressivement Goma arrive, à sortir la tête hors de l’eau. En apparence, tout paraît calme. On peut bien vivre à Goma. Les étrangers aussi. Mais on entend toujours des histoires inquiétantes, des expériences d'injustices ou de violences subies, dans la ville ou dans la province. Un nouveau phénomène est apparu depuis quelques temps, celui du kidnapping d'enfants, et d'adultes en vue de rançons immenses. C'est le fait d'individus isolés, mais peut-être aussi d'organisations mafieuses; le résultat de beaucoup de dysfonctionnements. L'impunité semble régner, ainsi que les emprisonnements abusifs. La gouvernance nationale est faible, incompréhensible et contradictoire. Chacun connaît dans sa vie ou sa famille des traumatismes qui caractérisent cette région et cette époque.
La ville est bâtie en bordure et au nord du lac Kivu sur les anciennes coulées de lave issues de la chaîne volcanique des Virunga. Ville frontalière, elle côtoie la ville rwandaise de Gisenyi.
Goma a été touché de plein fouet par les retombées du génocide rwandais en 1994 par l’invasion des réfugiés hutus fuyant le Rwanda. Cela donna lieu à deux guerres successives entre 1996 et 2003 et à l’occupation de la ville par les rebelles pro-rwandais. Différents groupes rebelles ont déstabilisé la région. Mais le principal, le M23, a été démantelé avec l’aide de la MONUsco en 2013 et dans le cadre des accords de Kampala. Durant toutes ces années, le viol a été utilisé massivement comme arme de guerre. Et comme si ça ne suffisait pas, en 2002, la ville a été en grande partie détruite par les coulées de lave du Nyiragongo dont les traces sont encore visibles aujourd’hui.
Progressivement Goma arrive, à sortir la tête hors de l’eau. En apparence, tout paraît calme. On peut bien vivre à Goma. Les étrangers aussi. Mais on entend toujours des histoires inquiétantes, des expériences d'injustices ou de violences subies, dans la ville ou dans la province. Un nouveau phénomène est apparu depuis quelques temps, celui du kidnapping d'enfants, et d'adultes en vue de rançons immenses. C'est le fait d'individus isolés, mais peut-être aussi d'organisations mafieuses; le résultat de beaucoup de dysfonctionnements. L'impunité semble régner, ainsi que les emprisonnements abusifs. La gouvernance nationale est faible, incompréhensible et contradictoire. Chacun connaît dans sa vie ou sa famille des traumatismes qui caractérisent cette région et cette époque.
1° Séminaire de sensibilisation à l'accompagnement spirituel,
du 12 au17 octobre 2015
du 12 au17 octobre 2015
Contexte:
Suite à la semaine conduite à la Faculté de théologie de Goma en décembre 2014, j'ai été invité par le professeur Samuel Ngayihembako à animer un séminaire de 6 jours pour 40 pasteur-e-s de paroisse de Goma, dans le cadre de la formation continue des pasteur-e-s.
Dès mon arrivée, j’ai été accueilli par le professeur Samuel et le pasteur Kasiki, aumônier à l'hôpital Heal Africa, ex-stagiaire cpt 2014 que j'ai sollicité comme assistant. Nous passons 4 heures intenses pour accorder nos violons. Cela s'avère très utile et fait baisser la tension en moi, ainsi que les anxiétés et incertitudes. Je me sens bien entouré; mais il faudra quand même que je me risque, que je me lance!
Déroulement
Chaque matin je me lève avec le jour, ce qui me donne le temps d'arriver tranquille à la session, à 8h30. Je suis impressionné par ce grand cercle de collègues attentifs. J'essaie de rester assis durant les animations, mais je dois m'approcher de quasi chaque intervenant pour m'assurer de bien entendre et comprendre ce qui est dit (faibles décibels, accents nouveaux !). Je finis les journées "sur les genoux" (qui d'ailleurs me font mal), mais toujours fortifié.
Le professeur Samuel suivra lui-même toute la session, ce qui représente un grand soutien pour moi, et aussi un signe d'humilité et d'engagement pour tous ses collègues. Ceux-ci viennent assidûment du début à la fin de chaque journée et de toute la session et seront ponctuels, ce qui est remarquable. La présence de plusieurs ex-stagiaires de cpt représente pour moi un grand soutien d'amitié, de compétences déjà acquises, de compréhension intérieure du projet, d'engagement dans le processus d'apprentissage.
Dans mes premières interventions j'indique que le séminaire serait une "sensibilisation" et non pas une "formation de base", et qu'il n'y aura quasiment pas de support écrit. J'apprendrai à la fin du séminaire que cette introduction avait découragé les participants. Ils estimaient que "dans ce cas, ça ne vaut pas la peine". Mais dès le premier soir, ils voient que "c'est du sérieux", puis diront par la suite que "c'est une vraie formation", et ils ont voulu y revenir.
Durant toute la semaine, je suis impressionné par les échanges nourris, intenses, issus de la pratique professionnelle/ personnelle des participants. Une ex-stagiaire cpt dira à la fin sa surprise que la parole ait circulé si librement, de façon utile et en profondeur, et que la confiance ait été si rapidement établie.
Mon défi, c'est de rester dans l'esprit d'une démarche pastorale clinique, en un temps si court et avec autant de personnes; c'est-à-dire de permettre à chacun d'entrer dans des expériences, permettant une relecture et des apprentissages. Il s'agit de donner assez de contenu et d'occasions d'expériences pour qu'une formation - transformation commence à s'opérer … tout en laissant voir la nécessité de poursuivre une formation plus approfondie et pratique, et en donner envie. Est-ce que cela s'est réalisé ?
Auto- évaluation des participants
La récolte des auto-évaluations personnelles me laisse des traces précieuses sur les expériences vécues et les apprentissages acquis; ils ont l'air d'être assez importants. Mais je reste incertain quant aux réelles appropriations.
Voici quelques traces des derniers feedbacks:
- J'ai pu commencer un accompagnement de moi-même, un travail sur soi, m'accepter dans mes faiblesses
- Je découvre qu'il y a des potentialités cachées chez chacun, un pouvoir guérisseur, y compris chez les malades, et même …chez moi. C'est libérateur et me donne une nouvelle perspective
- J'ai été écouté par mes collègues. J'ai retrouvé le courage. Tout en étant une session de formation, c'était une vraie retraite (un responsable d'Eglises)
- J'ai vu comment on devient sensible à la présence de Dieu dans l'accompagnement
- Nous avons été aidés à développer le silence en nous, et à bien écouter l'autre, plutôt que de réfléchir à lui trouver des solutions; cela nous ouvre à l'inspiration divine
- Si la personne intérieure était visible, vous verriez que j'ai passé de 300 kg de culpabilité à 50 kg (un responsable d'Eglises)
- Je quitte cette formation en étant déchargée de mes propres fardeaux. Cela me redonne l'estime de soi et le courage d'écouter les autres pour qu'ils se trouvent les pistes de solution. Dans mes faiblesses j'ai de la force
Un Débriefing avec les responsables débouche sur une proposition pour l'avenir: Le prof. Samuel envisage et demande que j'anime de tels séminaires dans les villes de Bukavu (Sud-Kivu), et Butembo l'an prochain … Il envisage aussi pour Goma un 2ème séminaire pour les mêmes participants, en accentuant et développant un sujet central, comme le récit de vie (Ces projets sont encore à confirmer!).
2° Travail et rencontres avec les ex-stagiaires
des cours cpt de Goma 2013 et 14 et Kinshasa 2013,
durant les fins de journées-soirées et le dimanche suivant.
des cours cpt de Goma 2013 et 14 et Kinshasa 2013,
durant les fins de journées-soirées et le dimanche suivant.
Ces rencontres sont marquées par la joie de se retrouver ou se découvrir et de partager un trésor commun, les traces précieuses et profondes que ces formations cpt ont laissées dans la vie de chacun(e), après un ou deux ans. Ils tiennent à partager ces traces, ainsi que les initiatives créatives qu'ils ont réalisées depuis.
Quelques traces:
- Le travail sur l'histoire de vie au cpt a chambardé ma vie. Jusqu'ici, pendant 38 ans J'étais une inconnue à moi-même, je ne me comprenais pas moi-même. Maintenant je suis réconciliée avec mon histoire. Le cpt est plus qu'une formation. Il a été bénéfique d'abord pour moi et ma famille; et ensuite pour les accompagnements et les formations que je donne.
- Au début du cpt à Kinshasa (conduit par Klaus !) je me disais: "Quoi? Venir depuis le Cameroun rien que pour ça ?!" Mais il y a eu l'accueil très chaleureux; et puis le récit de vie où j'ai pu faire ce difficile chemin. Dès le lendemain je pouvais embrasser la vie et les autres. J'avais eu tant besoin de la hiérarchie, d'y être en haut; et j'ai découvert que je n'avais rien compris.
- A mon retour, les membres de ma paroisse disaient: "Notre pasteur est changé". Ils croyaient que j'avais reçu une imposition des mains (magique ?). NON c'était autre chose! Dans ma famille je prends maintenant le temps d'écouter ma femme, mes enfants, chacun peut s'exprimer. J'ai écrit un article "L'écoute thérapeutique, une exigence pour les pasteurs d'aujourd'hui".
- Depuis le cpt, j'ai trouvé la "joie d'être", et retrouvé ma dignité, grâce au fait d'avoir été écouté vraiment; mon sentiment récurrent d'indignité a disparu. Je peux maintenant exprimer les choses qui m'habitent. Les demandes répétées de Jean-Claude: " en quoi es-tu impliqué dans ce que tu dis?" sont comme une épée qui m'invite à être plutôt que paraître, à être en lien avec moi-même.
Quelques initiatives:
- Comme président de ma dénomination (Communauté d'Eglises), j'ai initié une nouvelle forme d'Assemblée générale annuelle (avec le concours de deux collègues qui ont fait un cpt, dont un à Kisangani 15, conduit par Alfred !), en nous inspirant du modèle cpt: écouter plutôt qu'évaluer – corriger; créer des groupes où tous peuvent s'exprimer, élaborer ensemble des solutions et des décisions à partir de la base, plutôt que les imposer d'en haut… Maintenant nous avons un modèle nouveau que nous n'avons jamais connu. Il y a une grande satisfaction chez tous. J'ai pu ensuite sensibiliser 300 pasteurs à ces approches. On écoute la base, le leadership a changé. Un leader qui écoute est écouté
- Je transmets et adapte ce que j'ai reçu au cpt pour des besoins spécifiques en paroisse: pour un public déterminé (p.ex 15 jeunes) dans un temps limité (un matin par semaine pendant 3 mois), un sujet choisi (cure d'âme à soi-même ou histoire de vie ou l'écoute) adapté à ce public
- On s'approprie cette formation et continue d'apprendre (contrairement aux autres formations)
3° Rencontres avec le comité du Centre hospitalier Heal Africa
En s'appuyant sur les compétences des formateurs du projet cpt/RDC, Heal Africa veut créer un Centre de formation pour aumôniers (chaplaincy school)
Le projet se met petit à petit en place. Les fonds pour les 3 ans à venir ont été en principe trouvés en Australie, USA et GB (ils sont promis, mais non encore parvenus).
Ma présence permet de présenter le type d'aumôneries et de formation envisagés.
Un chronogramme est initié, avec une date probable pour le 1er cours-stage en octobre-novembre 2016, que je pourrais encore être appelé à animer…
Je vous encourage à voir le site et la petite vidéo qu'on vient de me signaler:
Il s'agit d'une trentaine d'artistes d'Alsace qui désirent faire entendre la voix des victimes du conflit congolais: "En tant que citoyens du monde, nous nous sentons interpellés par la situation actuelle de la RDC. Sans culpabiliser, nous souhaitons éveiller les consciences sur ce sujet. La foi chrétienne est la valeur fondatrice qui sous-tend le projet. Le groupe est cependant constitué de personnes de croyances diverses".
http://flashmob-congo.com/ - about
puis
http://flashmob-congo.com/ - video
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Les personnes qui souhaitent rencontrer les porteurs de ce projet sont invitées à prendre contact