vendredi 5 juillet 2013

Première semaine à Goma

auf Deutsch...

Même quand tous les signaux sont au vert, il y a des moments où tout pourrait basculer :

Ville morte

vendredi 28 juin, jour du début du cours, je me fais réveiller à 4h35 par un sms m’annonçant une interdiction générale de circuler dans la ville.

Je n'arriverai pas à retrouver le sommeil. Toutes sortes de scénarios tournent dans ma tête. Que signifie cette interdiction ? Se passe-t-il quelque chose de nouveau sur le front? Nos 2 jours d'introduction vont-ils tomber à l'eau et notre cours être sabordé ?

A l'heure convenue (6h50) nous partons pour le culte où Joël va prêcher. Il s'avère que ce n'est pas une "interdiction", mais une action citoyenne "ville morte", qui invite les citoyens automobilistes à s'abstenir de rouler, pour protester pacifiquement contre le fait que les routes de la ville ne sont pas réparées; ceci alors que les montants de nombreux millions ont été alloués par le gouvernement à ces réparations.

(Effectivement les routes de Goma sont catastrophiques, presque impraticables à cause de la structure de lave incohérente qui se trouve partout).

Les formateurs, Tsongo, Joël, Jean-claude
Contact avec les médecins et les soignants – un flop ?

A 8h30, nous avons rendez-vous avec les médecins de l'Hôpital Civil Provincial. Le but est de les informer du projet et de leur demander d’accepter la présence des stagiaires comme aumôniers durant 5 semaines et de solliciter leur collaboration dans cette démarche. Personne n’est là. La salle est encore en train d'être lavée par les nettoyeurs. Sera-ce un "flop"?

Quelques-uns viennent. Finalement vers 9h05, nous commençons, avec 17 médecins! Ils n'ont pas l'air d'être intéressés, mais plutôt contrariés d'être ainsi convoqués; et pour envisager …"une nouvelle chose",… et avec des inconnus.

Avec Alfred et Joël, nous leur présentons le concept d'aumônerie, nous posons clairement ce qui fait la spécificité de l'accompagnement pastoral : la rencontre, la présence, l'affirmation de l'être, l'être en Christ.

L'atmosphère se détend un peu; la réserve diminue, mais des doutes subsistent.

Et puis le tournant s'opère: tout à coup, ils s’ouvrent à cette perspective, l'accueillent, puis la désirent. Et maintenant ils nous soumettent un cas qui leur pose problème, d’un jeune atteint d’un cancer avancé qui va l'amener à une fin proche irrémédiable. On sent une sorte de révolte chez ces soignants. Echanges. Finalement deux d'entre eux nous sollicitent pour les accompagner auprès de ce patient. Finalement les médecins nous ont "reproché" de ne pas les avoir informés auparavant de cette formation, dont ils estiment avoir grandement besoin.

Les stagiaires devant l’hôpital provincial
Ce samedi 29 juin, 2ème jour d'introduction du cours.

Onze sur douze stagiaires sont là. On découvre une équipe très motivée, des gens prêts à s'investir, qui prennent des initiatives. Je me réjouis !

Surprise

Rentrés du CPT avec Alfred, nous arrivons vers 17h "à la maison", chez Jo. Nous y trouvons un grand nombre de personnes dispersées sous la véranda, sur la pelouse au bord du lac, sous des parasols et autour de petites tables. C'est féérique. Le lac est calme. Ils fêtent le retour d'une nièce de Jo par un grand repas en plein air. Nous sommes immédiatement invités par Nadine la fille de Dr JO à nous y joindre.

Jo est assis là au milieu comme un vieux sage, nous allons le squatter, et je vais passer trois heures pleines, passionnantes de partage avec lui, jusqu'à ce que la nuit nous ait complétement enveloppés et le vent thermique du soir nous fasse frissonner.

Il fait pour nous une relecture de l’histoire de sa région, teintée de foi et de sagesse et d’un optimisme réaliste. Il croit que son pays arrive à un tournant : la société civile semble se réveiller et prendre position.

Maintenant les vagues se déchaînent et recouvrent le bord où nous nous tenions, et je me suis habillé chaudement.

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