mardi 16 octobre 2012

Premiers contacts avec les Cliniques Universitaires de Kinshasa

Lundi soir 20 août

Après deux jours d’introduction au CPT, dans un lieu idyllique et complétement isolé (le monastère de l’Assomption des Prémontrés, atteignable en 4x4, à travers un chemin creux et ensablé), nous voici engagés dans ce premier jour de la session, avec la prise de contact avec les Cliniques universitaires

Contrairement à certains hôpitaux visités jusqu’à présent, celles-ci donnent l’impression d’être bien tenues ; on y travaille effectivement, même assidûment, les chambres sont propres, les lits remplis, les patients soignés. Ici, c’est du sérieux! Ça nous réjouit.

Vendredi passé, au premier jour d’introduction, nous avons invité - convoqué les chefs de départements (médecins), les chefs de pavillons (infirmiers) et l’administration à venir participer à notre cérémonie d’ouverture dans l’hôpital, où nous expliquons notre démarche de formation et notre concept d’aumônerie. Mais quasiment personne n’est venu ; nous étions décontenancés et découragés. Seul le secrétaire aux relations publiques arrive in extremis, envoyé par la Direction. Il écoute attentivement notre discours en présence des formateurs et des stagiaires-aumôniers ; il se laisse rejoindre par notre perspective, après avoir été très sceptique. Puis il nous ouvre le champ et nous fait visiter (presqu’avec zèle) tous les pavillons, avec introduction auprès de certains chefs, présentation de certaines chambres de malades. Ouf, nous sommes soulagés, le travail pratique si fondamental pourra se faire.


Ce lundi après-midi, les stagiaires se dispersent dans les différents pavillons qu’ils se sont répartis, puis nous allons (les trois formateurs) rencontrer la Directrice du nursing. Celle-ci nous reçoit très froidement et donne des signes de vouloir empêcher tout le processus. Elle réclame la copie de la lettre de la Direction en réponse à notre demande qui nous donnerait l’autorisation de principe. Mais cette lettre n’existe pas, l’autorisation avait été donnée oralement. Suspicion. Nous utilisons alors tout notre art de l’écoute et de la communication pour la convaincre de la pertinence de notre démarche. Ça dure. C’est dur. Mais les traits s’assouplissent les sourires apparaissent, on se détend ; c’est gagné. Non seulement nous avons pu montrer patte blanche, mais elle nous demande pourquoi nous n’avons pas organisé de telles formations avant ; c’est cela dont ils ont besoin, etc, etc. Il faut dire qu’ils ont à faire à rude épreuve avec les innombrables prêcheurs de tout crin qui sévissent dans leurs corridors, qui crient et qui prient à tour de bras, autant les catholiques qui font leur « apostolat » que des pentecôtistes de toutes sortes qui « les embêtent et handicapent leur travail ». A l’issue de l’entretien, elle nous accompagne en signe de reconnaissance jusqu’à l’issue de l’hôpital.


Entre temps, dans un des pavillons (pédiatrie) nos stagiaires sont en butte à un refus net du secrétaire du pavillon de les laisser faire leur travail. Ils téléphonent à Alfred Mbuta qui reçoit l’appel pendant l’entretien avec la Directrice du nursing. On en était encore dans la phase de suspicion. L’atmosphère s’assombrit. Arrive alors le secrétaire des relations publiques qui nous avait introduits partout, trois jours avant. Il se réfère à la Direction… Après la détente, la
Directrice l’envoie « mettre de l’ordre » en pédiatrie. Nous apprenons après, qu’à son arrivée, le secrétaire du pavillon voulait encore s’opposer ; mais le médecin chef du département le remet à l’ordre en ayant capté après quelques phrases des stagiaires qu’il s’agissait de « quelque chose de sérieux et de tout à fait intéressant ». Il s’en suit un entretien chaleureux de ¾ d’h entre le stagiaire et le médecin (avec un prochain rendez-vous à la clé). «Vous faites un travail complémentaire au nôtre et tout à fait nécessaire, c’est cela qu’il nous faut, etc, etc».

Il faut préciser que le stagiaire en question a capté la différence et les enjeux en quelques heures de sessions; il a vu que c’était du travail de «pro», il a été touché dans ses tripes lors du récit de vie d’un autre, il a été saisi par l’accueil, la paix des lieux, du groupe… et il est devenu presque en un clin d’œil témoin «d’une autre manière d’approcher la souffrance, la rencontre et l’accompagnement».

Je profite de saluer chacun de vous cordialement,
Jean-Claude Schwab

Photos: Le chemin d'approche du monastère ensablé, le cloître du monastère où s'est tenue l'introduction aux cours, les couloirs de la clinique universitaire propres en ordre, la visite guidée des cliniques, premiers contacts avec les patients, en sortant de la visite aux cliniques universitaires

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