jeudi 2 janvier 2014

LA VIE D’UN ETUDIANT CONGOLAIS : UN CALVAIRE
« Témoignage de l’étudiant Albert Kasongo


Je publie ci-dessous le texte d'un stagiaire de la dernière session de formation CPT (novembre-décembre 2013), Albert Kasongo. Albert Kasongo a trente ans, il est à la fin de sa formation théologique. Il m'a confié le texte suivant avec le but de parler à partir de sa vie et de son vécu. Je me rends compte que ce texte n'est pas en rapport direct avec notre démarche de formation. Il s'agit d'un témoignage qui parle de la situation fortement critique et dangereuse de son pays, Excusons ses quelques généralisations... Je partage entièrement ce grand souci pour ce pays blessé et mis en danger.
Klaus Völlmin
Albert Kasongo... je suis un étudiant en théologie évangélique en 2ème de licence. aprés 4ans d’études universitaires, je me souviens de mon sujet de dissertation que j’ai traité en 6ème H.S.C : « Les études, un privilège pour les riches ». Mais le Congo est un pays en voie de développement, sa population est à 80 % pauvre et les conditions sont réellement très difficiles, beaucoup de jeunes Congolais ne parviennent pas à terminer leurs études et c'est ça qui fait qu’on a trop de délinquants qui forment les groupes de bandits appelés «  kuluna ».
Pendant tout le temps de mes études je n’étais jamais à l'aise parce qu’il fallait sacrifier les autres besoins de ma vie et de mon foyer pour ne privilégier que les études, entre autres tout ce que je trouvais comme moyens ne partait qu’aux études, beaucoup de mes collègues n’ont pas pu terminer leurs études. Un parent qui fait étudier les enfants doit oublier ses propres besoins. Malheureusement les professeurs de l’université contribuent en partie au calvaire des étudiants. Je me suis rendu compte que le montant qu'ils exigent pour les syllabus, les travaux pratiques, les interrogations et les autres exigences privés surpassent même les frais académiques annuels. En dépit de ça, beaucoup d’étudiants quittent la maison à pied pour aller à l’université, comme mes amis et moi. Maintenant je vais totaliser cinq ans de cet exercice. La conséquence pour ma santé est une hémorroïdie chronique.
En entrant en contact avec les étudiants d’autres universités, j’ai aussi compris que pour réussir les études, il n'y a pas d’autres moyens que la corruption, ceci met en danger immédiat la qualité des études. Ce constat me met très mal à l'aise. Je crains beaucoup pour la qualité des études pour l'avenir. A partir de ce constat inquiétant, ma classe et moi avons écrit un mémorandum à l'Université, malheureusement resté sans réponse jusqu'à aujourd'hui. Je ne peux oublier ce jeu de mots que certains font en disant que « cor-ruptus » parle aussi du cœur brisé. Et ceci en effet est ma grande souffrance, de porter en moi un cœur brisé face à cette situation.
Je me pose souvent la question de savoir si le Congo ne se rend pas compte que les institutions éducatives formes des analphabètes. Quel sera son avenir ? Et quel type de leader forme-t-il ?

Personnellement quand je pense à ce que j'ai vu et ce que me disent les collègues, je comprends qu’étudier au Congo est un calvaire. La jeunesse congolaise est en danger dans toutes les couches.

Maintenant que je termine la licence, je veux continuer le doctorat malgré que les conditions deviennent de plus en plus difficiles. J’ai le souci, la volonté, et l’intelligence pour apprendre avec mes moyens plus que limités, or continuer le doctorat fera de moi un leader capable de crier et de défendre la jeunesse congolaise.

Face à cette oppression qui combat la jeunesse, moi je crie, j’élève ma voix vers les organismes nationaux et internationaux afin qu'ils pensent à cette jeunesse en danger dont je fais aussi partie.

Albert Kasongo
Tel :0812563802
E-MAIL :albertkasongo094@gmail.com

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