mercredi 1 janvier 2014

Une nouvelle année qui commence de manière alarmante

auf Deutsch...



Aujourd'hui, lundi 30 décembre, nous avons la possibilité de déménager dans le guest-house de l'Église baptiste - bien centré près du fleuve -, après avoir habité en privé chez nos amis Alfred et Lily Mbuta pendant deux mois. Au moment de partir, nous parvient la nouvelle que l'émetteur de la télévision a été attaqué par des inconnus. Nous nous mettons tout-de-même en route car ce quartier en est assez éloigné. Mais à peine partis, dans un bouchon, nous percevons une grande excitation sur les visages et dans les gestes des gens. Notre chauffeur se renseigne auprès de la préfecture de la ville. Les nouvelles sont rassurantes. Alors nous poursuivons. L'excitation augmente considérablement sur la grand place Kintambo-Magasin. Nous suivons l'artère principale ( le long du fleuve, d'est en ouest ), un quart plus tard ce sont des fuyards qui sont poursuivis. Nous avons eu de la chance, à peine deux heures plus tard, les coups de feu reprennent!

Par les nouvelles nous apprenons qu'un groupe de "fanatiques" - le speaker parle de terroristes - a attaqué violemment à trois endroits, l'émetteur de TV, l'aéroport et le quartier général de l'armée. La police et de l'armée réagit rapidement et sans aucun égard avec ces jeunes gens, la plupart sont exécutés sans autre forme de procès, un dizaine dans chacun des trois endroits... L'instigateur de ces actions stupides serait, d'après la rumeur, le prophète auto-proclamé Mukungu Bile, qui s'est régulièrement signalé à l'opinion publique par ses critiques du président de la république. Lui-même s'est retiré dans un lieu inconnu après que d'autres - surtout des femmes - aient payé ses idées de leur vie. Une action incompréhensible, il était d'emblée clair qu'il n'existait aucune chance de modifier le statu quo. Cette action ne s'explique que par les attentes "messianiques" que beaucoup nourrissent à l'égard des prophètes auto-proclamés. La misère est si profonde que les faiseurs de miracles se multiplient à l'envi. Et la présence arrogante des prédicateurs de certaines églises de réveil se poursuit. Dans beaucoup de quartiers, on tombe tous les cinquante mètres sur une église de ce type.

Mais revenons aux événements. En ville, l'excitation des gens est considérable. Nous-mêmes sommes en plein émoi et tension jusqu'à ce que des informations plus précises nous parviennent. Des coups de feu sont toujours encore tirés à proximité sur des personnes. C'est effrayant. Nous sommes très contents de nous en être tirés sans mal et très reconnaissants d'être à l'abri.
Après ces événements, nous nous sommes mis à l'installation de notre nouvel appartement. Il y traine encore de vieilles saletés auxquelles s'ajoutent des déchets de chantier. Ce n'est pas simple pour Béatrice. Nous ne sommes donc pas vraiment sortis de l'auberge. Nous fatiguons. Mais bientôt tout commence à se mettre en place et nous nous sentons bien. Nous sommes plus indépendants. Matin et soir, nous pouvons préparer nos repas et revenons en meilleure forme. C'est bon et nous sommes heureux d'avoir franchi ce pas.
Loger chez l'habitant nous a beaucoup rapprochés des gens d'ici. Pour nous, une précieuse expérience de pouvoir toucher de près les détritus dans les rues, la désespérance, la tristesse des enfants de ne pouvoir fréquenter l'école faute d'argent, la témérité dans le trafic ( l'occasion pour le chauffeur de montrer sa virtuosité! ), les piétons chassés, les histoires autour des soupçons: telle est une sorcière ou une ensorcelée. Cette perception de la pauvreté nous a émus surtout du fait que nous ne pouvions ni ne voulions nous en distancer.
Il est clair que maintenant il nous faut un allègement. Grégoire, le directeur du guest-house est touchant dans son souci que tout soit en ordre dans notre petit logement. C'est merveilleux. Notre douche coule souvent et un groupe électrogène nous évite d'entrer longuement dans la nuit à la lueur des bougies.
Nous avons aujourd'hui le premier janvier, la fête à duré toute la nuit avec de joyeux chants, des discours ébouriffés et des martèlements de tambours et de tam-tams amplifiés à fond. Quand nous en eûmes assez, nous nous glissâmes vers onze heures dans notre lit.
kv (version française: mj)

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