vendredi 1 novembre 2013

Premières impressions




Premières impressions
Deux heures et demie de retard - une panne de l'appareil à réparer -, nous arrivons épuisés à Kinshasa. La joie et la reconnaissance dominent plus que le stress d'une journée de 22 heures. Il est deux heures du matin quand nous nous couchons - il a fallu en plus réparer un pneu. Grande est la joie de retrouver Alfred et Lily et, le lendemain, quelques amis.

Kinshasa n'a guère changé ces dernières années, nonobstant les nouvelles affiches qui présentent Joseph Kabila comme le "nouveau rais". Le quotidien congolais, tel que nous le connaissons, est rythmé de toutes ses voix, ses klaxons, ses nuages de gaz et de fumées et de ses poules vagabondes. La lutte et le soin pour la survie au quotidien sont la première préoccupation des gens. Le calme de la vendeuse derrière son stand est trompeur.

N., l'un de nos collègues de l'aumônerie de l'hôpital, nous rend visite. Un dialogue s'engage tout de suite. Je m'entends lui demander "Comment tu vas pour de vrai?" La réponse se lit sur son visage. Il ne reçoit toujours pas de salaire comme aumônier d'hôpital et de petits jobs annexes suffisent à peine pour les écolages et les études de ses enfants. C'est son souci "Qu'arrivera-t-il si je ne peux plus physiquement travailler? J'ai souvent honte de ne pas être à même d'apporter un salaire issu de mon travail à mes enfants". Je suis frappé et en colère! N. n'est pas seul à vivre dans la honte et sous pression, c'est le lot de millions de ses compatriotes!

Comme Suisses, nous chercherions rapidement une solution. Pourtant plus je m'approche des gens de ce pays, plus j'entre dans le silence et un certian trouble. Le fait que nos aides aux pays en développement reviennent vers le Nord multipliées par dix est avéré. Les canaux sont discrets: des prix de matières premières trop bas, de la corruption, des dépôts dans nos banques, etc. La honte me vient aussi - mais pour de toutes autres raisons.

Albert Schweitzer souhaitait corriger les fautes des colonisateurs. C'est tout ce que nous pouvons et voulons faire. Nous voulons prendre courage et affronter les difficultés quotidiennes d'ici avec ses interruptions du courant et de l'eau, ses dangers liés au trafic et bien d'autres surprises. Oui, nous nous réjouissons de côtoyer les gens d'ici et de croire en leur compagnie que des mains vides peuvent se montrer fertiles.

Samedi, le 2 novembre, Béatrice visitera les femmes du projet de tricotage et notre cours débutera vendredi prochain.

Klaus Völlmin
(version française: M. Jeannerat)

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