Mission d'information éclair à Bukavu
Ce n'est pas une moindre affaire que de faire connaître l'existence du projet de formation des aumôniers:- la plupart des pasteurs, candidats potentiels pour un stage CPT, n'ont pas d'adresse ~mail; et s'ils en ont, ils sont rarement connectés (panne de courant, éloignement et coût des cyber-cafés, dérangement du réseau...)
- l'information sous forme écrite ne rencontre pas d'intérêt, car elle n'est pas porteuse de communication vivante et elle ne transmet aucune motivation.
Il faut rencontrer physiquement les personnes qu'on veut toucher, et savoir les convaincre.
Le Dr Jo Lusi m'avait dit cela; je ne le croyais pas; mais j'ai dû me rendre à l'évidence: Personne de la ville voisine de Bukavu (plus de 2 millions d'habitants) ne s'est inscrit au CPT à Goma ! L'idée de faire une virée éclair de l'autre côté du lac Kivu est née de là. Au préalable, nous avions sollicité le pasteur Kabamba, président des pasteurs de la ville, pour qu'il rassemble tous les présidents et représentants légaux des différentes confessions de la ville.
Samedi 20 juillet
Départ du bateau à 7h30. Voyage dans une "corvette" qui fonce à 60 km/h (?). Seul ennui: une télévision omniprésente oblige les 25 -30 voyageurs à subir des images problématiques et un son assourdissant. Arrivée à 10h30 après avoir longé la moitié du temps toute l'île Idjwi. Le pasteur Kabamba nous attend au port de Bukavu; il nous accompagnera et nous conduira tout au long de la journée.
1ère étape:
L'occasion nous est donnée d'aller saluer les chefs provinciaux de l'Eglise du Christ au Congo, les deux Evêques Présidents. Ils sont en réunion formelle avec tout leur staff. La présence d'un Européen qui vient de l'ECC nous ouvre les portes pour interrompre leur importante séance. Protocole. Prises de parole à tour de rôle. A l'énoncé de mon nom le Président évoque sa rencontre il y a trente ans avec un certain Schwab, dans un lieu que je ne connais pas. Ce n'est sûrement pas moi. Je dis être venu ici en ...1970 (il y a 43 ans) à l'ISPPKi, l'école secondaire pentecôtiste. - "OUI c'est ça" , s'écrie-t-il ! Il était jeune écolier et se rappelle de mon passage dans son école. Grande émotion dans la petite assemblée de notables, et courant qui passe entre nous.
Par ce petit événement, notre venue à Bukavu aujourd'hui va décupler d'importance à leurs yeux, et notre projet sera pleinement accueilli par eux, avant même de bien le connaître.
2ème étape:
Je tiens à visiter le Dr Mukwege dans son hôpital de Bukavu/Panzi. Il est maintenant mondialement connu, ainsi que le fléau des violences sexuelles qu'il combat. C'est dans l'enceinte de l'hôpital qu'il vit dorénavant avec sa famille, après l'agression et la tentative d'assassinat subie en novembre dernier, et après que toute la population de Bukavu ait réclamé son retour au pays après sa fuite. Le Gouverneur lui a ainsi attribué une escorte permanente de protection. Il nous reçoit simplement dans son bureau, et à l'heure même où nous arrivons. Je suis impressionné par cet immense gaillard, dont j'ai lu le récit passionnant; (Colette Braekmann: L'homme qui répare les femmes, André Versaille éditeur 2012) . Je suis aussi un peu tendu: A quoi rime une telle rencontre ? Que peut-on en espérer ? La simple rencontre humaine se justifie-t-elle en elle-même ? Qu'est-ce qui me pousse vraiment ? Entretien passionnant de ¾ d'h.
- L'horreur des violences sexuelles évoquées nous saisit aux tripes. C'est du jamais vu dans l'histoire humaine. Elles ne résultent pas de comportements "bestiaux"; les bêtes ne se comportent pas ainsi. C'est proprement démoniaque !
- Il (nous) jette un cri d'interpellation (avec un brin d'amertume) aux églises qui ne se mobilisent pas contre cette réalité, mais semblent baisser les bras d'impuissance, comme tous le monde. Qu'elles élèvent leur voix pour décrier ces pratiques et lutter contre l'impunité.
- Il valorise une prise en charge spirituelle des patients de son hôpital, qui soit dégagée de toute volonté de récupération ecclésiale, mais orientée sur les patients et leurs soins. On est sur la même longueur d'onde.
- Puis un entretien sur l'ineptie de cette guerre actuelle. Plus rien ne la justifie. Il n'y a plus d'enjeu. Le rôle ambigu de la MONUSCO (ONU) qui s'interpose parfois contre la victoire des FARDC (armée congolaise), et le même rôle ambigu du gouvernement congolais qui souffle le chaud et le froid, qui soutient son armée, puis l'empêche d'agir... Y aurait-il un complot entre les grands qui vise à la balkanisation du Congo ? On sent chez cet homme à la fois la détermination dans son combat médical pour restaurer tant de femmes (il en a opéré 40'000 !), et sa colère contre les violences inhumaines et contre ceux au Congo et dans la communauté internationale qui s'arrangent pour prolonger une guerre qui leur est rentable.
- Puis séance de signature de son livre et photos. Joël lui dit sa reconnaissance de le rencontrer après avoir signé, après l'attentat, avec ses étudiants paroissiens de l'autre côté du Congo, une pétition en sa faveur.
Véritable but de notre visite: Rencontre à 14h avec les personnes que nous avons cherché à rassembler, pour les informer de notre projet de formation pastorale clinique au Congo et à Goma. Nous avons visé des personnalités représentatives des églises de la ville.
- Une belle conjonction de collaborations va faire merveille:
- un prof ami de théol de Goma nous recommande auprès du pasteur Kabamba, "point focal" de Bukavu, qui travaille efficacement à inviter toutes les personnes auxquelles nous avions pensé;
- le prof Bernard Ugeux, que je connais à Bukavu, actuellement en France, qui m'indique immédiatement par sms les noms et tél de quelques personnes clés de la pastorale catholique de la santé.
Résultat: 17 personnalités-clés sont là, à écouter attentivement l'exposé de nos projets, visions et expériences concernant un nouveau type de formation de la personne qui soit pertinente pour les accompagnants en pastorale clinique.
Les réactions nous ont laissé voir combien ils étaient intéressés, touchés et enthousiasmés par ces perspectives. Notre "crainte" maintenant, c'est qu'il y ait trop d'inscrits à la prochaine session CPT, et que nous devions faire une sévère sélection... Mais c'est un moindre mal !
Des "amitiés se nouent, des tutoiements s'initient, comme si on était au début d'une nouvelle aventure. Nous devons interrompre les entretiens qui se poursuivent, pour prendre un autre bateau qui part à 18h. 4ème étape:
Retour de Bukavu vers Goma, dans un grand bateau qui voguera toute la nuit à l'allure d'un escargot. Nous sommes en 1ère classe, au 2ème étage, dans un grand salon avec tapis et une quinzaine de grands canapés que se répartissent les quelques passagers (le premier étage est au contraire bourré de gens entassés dans de nombreuses chaises). Tout est calme. Nous pouvons faire, à trois un debriefing joyeux de cette belle petite aventure. Moi j'ai tout le temps d'écrire ces quelques lignes, avant de m'allonger pour dormir! C'est chouette.
La suite n'est pas si chouette, car je n'ai pas fermé l'il de toute la nuit, à cause du bruit du moteur et surtout les canapés sont trop courts pour mes longues jambes ! Arrivés à 5h15 nous devons attendre 7h15 pour accoster. Finalement nous sommes quand même reposés et reconnaissants.
Bonjour
RépondreSupprimerJe suis tres content de vous lire et ceci me fais ravis dans mon coeur et meme ma famille est tres contente avec les chretiens gue je suis avec comme leur Representant Legal.Que le Seigneur vous benisse et vous donne la force du jour au jour comme vous songez a ce projet pour aider les populations du monde et seul du Congo en general.Nous sommes et nous serons toujour avec vous le moment favorable et non favorable pour l'epanouissement de cet oeuvre.
Je vous remerci
Reverend KIZUNGU Pilate
Representant Legal de l'ECC-41eme CEBIE